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« Quand je serai grand, je volerai »

Réadaptation Secourir les déplacés/réfugiés Urgence
Bangladesh

Saiful a 7 ans. Il vit dans le camp de réfugiés rohingyas de Kutupalong, dans le sud du Bangladesh. Atteint d’une malformation congénitale, l’enfant a perdu sa jambe droite à deux ans. Avec le soutien de Handicap International, il a reçu une prothèse, marche et va à l’école.  L’enfant adore jouer avec ses amis, et a un rêve : devenir pilote.

Saiful, 9 ans, vit dans le camp de Rohingyas de Kutupalong, dans le sud du Bangladesh.

Saiful, 9 ans, vit dans le camp de Rohingyas de Kutupalong, dans le sud du Bangladesh. | © Shumon Ahmed/HI

C'est la saison de la mousson dans le camp de réfugiés de Kutupalong dans le sud du Bangladesh. Le terrain est boueux et glissant. Saiful, 7 ans, s’avance prudemment sur le chemin qui mène à l’école. « Avec ma prothèse, j’ai souvent peur de tomber », confie-t-il, accompagné de ses amis de classe.
L’institutrice les accueille, la classe commence.

Un long périple

Après de longs trajets en bateau et en bus, les parents de Saiful arrivent d’abord au camp de Dhecua Palong, puis au camp de réfugiés de Kutupalong, en 1993. Ils s’y installent, leur famille s’agrandit progressivement, et en 2009, Saiful voit le jour, le 6e enfant de la famille.

Saiful nait avec une malformation congénitale au pied. « Son pied droit était déformé et tourné vers l’intérieur. La situation a empiré, le pied s’est infecté, on nous a parlé d’ostéomyélite[1]. A plusieurs reprises, les médecins nous ont dit qu’il devait être amputé. Pour nous, c’était inconcevable », explique sa maman.

L’opération de Saiful

Durant deux ans, Saiful est emmené plus de dix fois dans différents hôpitaux de la région. Les visites se succèdent, et les conclusions sont similaires : l’enfant doit être amputé. Les parents résistent et refusent l’opération - Saiful gardera sa jambe.

 L’enfant prend des antibiotiques en permanence. Un matin, il se réveille, incapable de bouger ses jambes ni de cligner des yeux. Il est emmené d’urgence au Cox Bajar Hospital et Saiful est amputé de la jambe droite. « Nous étions très tristes et découragés. Saiful aussi. Il s’est enfermé dans le silence, ne voulait plus sortir, de peur de tomber. Et nous, nous étions épuisés », confie-t-elle.

Saiful, 6 ans, marche pour la première fois

En 2013, des physiothérapeutes de HI rencontrent Saiful dans le camp de réfugiés : « L’enfant était timide et ne se déplaçait pas. Nous évaluons l’état de sa jambe et lui faisons suivre des séances de réadaptation, des exercices afin qu’il gagne en souplesse et que ses membres se raffermissent. Nous installons aussi des barres parallèles près de sa maison afin qu’il puisse s’exercer régulièrement, et formons ses parents à mener des séances de rééducation. Et surtout, en 2015, Saiful, 6 ans, reçoit sa première prothèse et fait ses premiers pas », explique Bayzed Hossain, chef de projet handicap pour HI.

« On n’y croyait plus. Dans notre tête, Saiful ne marcherait jamais. Grâce à cette prothèse, tout a changé. Notre enfant apprend à marcher, va à l’école, a des amis et a davantage confiance en lui », complète son père.

À l’école

Juin 2016, Saiful, 7 ans, écrit sur le tableau noir de la classe. Son institutrice témoigne : « Saiful est un enfant joyeux et intégré. Un groupe d’élèves l’aide et l’accompagne. Nous avons effectué quelques adaptations afin qu’il se sente à l’aise. Nous avons aussi été formés par Handicap International pour encadrer au mieux les enfants handicapés ».

Saiful participe également aux activités sportives organisées par HI, qui réunissent plus de 800 enfants valides et handicapés. « Khelain arto besi gom lage » - « J’adore jouer », raconte Saiful. « Mais pas avec ceux qui critiquent ma jambe ».

Des besoins persistants

Aujourd’hui, Saiful apprivoise sa prothèse. Grâce au soutien de HI, il est plus autonome, mieux intégré et peut aller à l’école. Il est plus sûr de lui. Mais la situation reste compliquée. « Saiful doit encore gagner de l’équilibre et apprendre à marcher avec sa prothèse.  Récemment, il est tombé et s’est brûlé. Il doit renforcer la fermeté de ses membres et gagner en souplesse. Et il aura besoin d’une nouvelle prothèse l’année prochaine, lorsqu’il aura grandi », explique Bayzed Hossain.

 Les parents complètent : « Le soutien de HI est essentiel pour nous. Mais vivre dans le camp de réfugiés reste difficile. Nous avons 7 enfants, et occupons une pièce unique. Aucune intimité. L’accès à l’eau et aux sanitaires est compliqué, les conditions d’hygiène sont déplorables. Durant la mousson, tout est boueux ; durant la saison sèche, la chaleur est insupportable. Et puis, ici, personne ne travaille, les enfants ne vont pas tous à l’école. Le manque de perspective est terrible. Nous n’avons qu’une envie, nous sentir enfin chez nous, quelque part », confie Noor Nahar, la maman.

Saiful rentre de l’école. Il s’apprête à rejoindre ses amis et à jouer aux billes. Avant de lui dire au revoir, nous lui demandons ce qu’il voudrait faire plus tard. Ses parents répondent : « Pilote ! Il en rêve ». Saiful enchaîne, sans hésiter : « Ai dorwayrea asmane urium ». « Quand je serai grand, je volerai ».

 

[1] L'ostéomyélite désigne l'inflammation de la moelle osseuse et des structures osseuses environnantes.

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