Le cyclone Emnati aura des conséquences durables
Si les conséquences immédiates d’Emnati à Madagascar restent incertaines, il aura un effet désastreux à long terme. Sur place, HI vient en aide aux familles qui se remettent des cyclones successifs.
HI distribue des produits de première urgence aux familles touches par le cyclone à Madagascar. | © HI
Deux cyclones en l’espace de deux semaines
Le cyclone Emnati a touché les côtes malgaches le 22 février à 22h. Il est passé entre les régions de Manakara et de Farafangana, où HI déployait déjà ses activités. Emnati est la quatrième tempête tropicale de grande ampleur à frapper Madagascar en un mois. Il a suivi une trajectoire similaire à celle du cyclone Batsirai, qui avait ravagé l’île deux semaines plus tôt.
Emnati a traversé le pays, avec des vents allant jusqu’à 200 km/h et des pluies diluviennes, avant de quitter l’île au soir du 23 février. Dans sept régions, près de 40 000 personnes, soit plus de 9 000 familles, avaient été préventivement déplacées avant l’arrivée du cyclone. Les télécommunications des zones touchées sont coupées, limitant les contacts avec les régions sinistrées. Bien qu’il soit trop tôt pour évaluer l’ampleur des dégâts, les autorités sont particulièrement inquiètes des conséquences qu’aura Emnati sur des communautés qui se remettent à peine du passage du puissant cyclone Batsirai.
« Ce sont les mêmes personnes qui sont à nouveau touchées par une catastrophe, » explique Anja Andriamorasata, le responsable de la communication et du plaidoyer de HI à Madagascar. « Elles ont tout perdu : leurs moyens de subsistance, leurs vêtements, leurs maisons. Tout est à reconstruire. »
HI soutient les communautés et les personnes handicapées
Parmi les personnes les plus touchées par la situation, il y a les personnes handicapées. Nombre d’entre elles ont rencontré de grandes difficultés pour évacuer leurs maisons à deux reprises en un mois, au milieu de rues inondées et de terrains escarpés.
« On a reçu l’appel d’un homme à mobilité réduite, » raconte Anja. « Il vit seul et devait quitter sa maison pour se mettre à l’abri. Il nous a expliqué que, pour lui, ce cyclone était encore plus intense que le précédent, à cause du niveau de l’eau qui montait, des inondations et de la puissance des vents. »
Avant l’arrivée d’Emnati, les équipes de HI ont pu terminer la distribution de produits de première urgence à Mahanoro et à Manakara. Ces produits permettent de soutenir des communautés, plus de 200 personnes handicapées touchées par le cyclone Batsirai ainsi que des centres d’évacuation accessibles. Une fois que les restrictions liées à la sécurité seront levées, HI continuera à mener ses activités en réponse au cyclone Batsirai. L’organisation lancera également des actions d’urgence et contribuera à l’évaluation des besoins suite au passage d’Emnati, dans les zones de Farafangana, Manakara et Vondrozo.
« Il nous faudra du temps pour évaluer les dégâts, et même simplement pour pouvoir accéder aux régions sinistrées », indique Vincent Dalonneau, le directeur de HI à Madagascar. « Nous savons déjà que la route de Farafangana est coupée à deux endroits. »
Un spécialiste de la logistique de HI rejoindra les équipes sur place dès vendredi, pour examiner les dégâts causés aux routes et aux infrastructures lors des premières évaluations après le passage du cyclone.
Des conséquences durables
Pour les communautés touchées, l’accès à l’eau potable, à de la nourriture, ou à des abris, est actuellement difficile. Elles devront en plus gérer les effets à long-terme de ces cyclones successifs, bien après la reconstruction de leurs maisons. Des milliers de maisons ont été détruites au cours des dernières semaines. Par ailleurs, des infrastructures clés, telles que des écoles et des hôpitaux, ont été gravement endommagées. Des milliers d’enfants vont être privés d’éducation. Des communautés entières n’ont plus accès aux services médicaux, alors même que les risques de propagation du Covid-19 sont élevés dans les centres d’évacuation surchargés. De plus, le risque d’infections liées à l’eau augmente avec les inondations successives alors même que les communautés ont un accès limité aux installations et aux produits d’hygiène de base.
Les fermiers ont perdu leurs récoltes et leurs animaux ; les artisans, leurs matériaux. Privées de revenus, il sera encore plus difficile pour les familles de reconstruire leurs vies et de subvenir à leurs besoins essentiels. De plus, les populations sont sujettes à des états de fatigue et de stress prolongés, ce qui pourrait entraîner des besoins en santé mentale et soutien psychosocial.
« Ce sera difficile et ça va prendre du temps », conclue Anja. « Nous devons repartir de zéro. Ça va être un vrai défi de tout reconstruire. »
HI distribue des kits de première urgence comprenant des produits de base et de prévention contre le Covid-19. De plus, l’organisation fournit des aides financières aux foyers vulnérables, pour leur permettre d’acheter des biens de première nécessité.