Handicap International au Mali, un témoignage de Jeff Meer
En avril dernier, Jeff Meer, directeur de Handicap International États-Unis, s’est rendu au Mali. Il a rencontré Kouyate, un père de famille qui a la charge de ses sept enfants dont trois présentent des incapacités physiques. Dans ce témoignage personnel, Jeff décrit les difficultés rencontrées par Kouyate et sa famille et l'espoir que leur apporte Handicap International.
Sokoma Kouyate et son fils | © Jeff Meer / Handicap International
Sokoma Kouyate père de sept enfants est au chômage depuis plus de six ans. En avril 2017, je l'ai rencontré à Bamako, au Mail, où il partage avec son épouse, sa belle- mère et ses enfants une unique chambre à coucher. La famille passe ses journées dans une cour adjacente où la température l'après-midi peut atteindre les 40 degrés avec un taux d'humidité de 90 %. Kouyate reste à la maison avec sa belle-mère pour s'occuper des enfants pendant que son épouse vend des épices au marché local, ce qui ne suffit pas à faire vivre la famille.
La cour où la famille fait la cuisine, se lave et passe la journée est jonchée de fauteuils roulants, de béquilles et de toutes sortes d'appareils fonctionnels en très mauvais état mais utilisés par les trois enfants de Kouyate qui ne peuvent pas marcher. Petits, ils ont été touchés par le paludisme et n'ont pu être soignés. Leur système nerveux a subi des lésions qui ont paralysé leurs membres inférieurs.
Isolés
L’aîné des enfants de Kouyate a 22 ans. La plupart du temps, il reste assis dans un fauteuil roulant à l’ombre d’un grand arbre dans une rue adjacente à la maison. Il n’est jamais allé à l’école et ne sait pas lire, tout comme ses deux petits frères âgés 8 et 4 ans, handicapés eux aussi. L’école la plus proche de Bamako, qui est équipée pour des enfants handicapés, est à environ 8 kilomètres du village. Il n’est pas étonnant que les enfants ne soient pas scolarisés vu le mauvais état des routes de Bamako et l’absence de trottoirs et de transports en commun.
Aucun des trois garçons handicapés n'a été soigné par un physiothérapeute. Ils risquent de ne jamais être autonomes. Parfois des membres de la famille les amènent au dispensaire local mais ce n'est qu'en cas de maladies graves.
Kouyate m’a dit qu’il était souvent découragé par la lourde charge de sa famille nombreuse. Il ne sait pas où trouver de l’aide et il est reconnaissant d’avoir les visites occasionnelles de Handicap International et de nos partenaires. Cela lui redonne de l’espoir pour l’avenir.
Handicap International au Mali
Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Mali est classé parmi les cinq pays au monde qui ont des conditions de vie les plus difficiles. L'espérance de vie au Mali est de 58 ans et demi. Le standard d'éducation en moyenne ne dépasse pas les deux ans. Environ 80 %des travailleurs gagnent moins de € 2,80 par jour.
Depuis 1984, Handicap International intervient au Mali pour aider des familles dans la même situation que les Kouyate. La présence de Handicap International au Mali est vitale. L'association, entre autres programmes, fournit une aide alimentaire aux familles vulnérables, donne accès à la réadaptation aux personnes ayant un handicap, leur fournit des opportunités intéressantes et des emplois et elle facilite aussi la scolarisation des enfants handicapés.
Comme mes collègues au Mali, je suis heureux de faire partie de l'association et de pouvoir aider à créer un monde meilleur pour les Kouyate et d'autre familles dans le même cas. J'ai une certaine tranquillité d’esprit quand je pense que ces familles font partie de nos priorités et que cela leur donne la possibilité d'avoir accès à l’aide de réadaptation, à des fauteuils roulants convenables et à d'autres appareils et dispositifs fonctionnels.