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Laos - Des actions de déminage pour épargner des vies

Mines et autres armes
Laos

Depuis 2006, Handicap International a enlevé plus de 25 000 engins non explosés au Laos, le pays le plus lourdement bombardé au monde. Leonard Kaminski, originaire de Nouvelle-Zélande et directeur des opérations de déminage pour Handicap International au Laos, explique les enjeux du déminage dans le pays.

Leonard Kaminski à Xepon, au Laos. | © M. Feltner / Handicap International

Quelle est le niveau de pollution par les engins non explosés au Laos ?
L’armée américaine a bombardé le Laos de 1964 à 1973 pendant la guerre du Vietnam. Plus de deux millions de tonnes d’engins ont été larguées. 25 % des villages de ce pays souffrent de la présence d’engins non explosés. 
Près de 48 % des engins non explosés enlevés au Laos sont des bombes à sous-munitions. La moitié est classée dans les munitions de surface (telles que les mortiers), 1 % sont de grandes bombes aériennes (entre 250 et 2 000 livres) et 1 % sont des mines terrestres.
Le plus inquiétant, ce sont les bombes à sous-munitions : près de 270 millions ont été larguées et on pense que 30 % d’entre elles n’ont pas explosé. Il pourrait donc y en avoir encore 70 ou 80 millions éparpillées dans le pays. 

Qu’est-ce que les bombes à sous-munitions et quelle menace représentent-elles aujourd’hui ?
C’est un assemblage de centaines de petites bombes, appelées sous-munitions. L’avion largue le conteneur, le conteneur s’ouvre et les bombes à sous-munitions tournoient en l’air, ce qui les arme. Elles se disséminent sur un vaste territoire et sont conçues pour exploser quand elles touchent le sol. Cependant, certaines n’explosent pas. Il arrive que le pilote largue les bombes à sous-munitions trop bas pour qu’elles s’arment correctement. Ou que les sous-munitions percutent un sol trop mou. Ou simplement qu’elles dysfonctionnent à cause d’un défaut de conception.
Ces petites bombes sont l’équivalent des grenades à main sensibles disséminées sur les terres arables et dans les campagnes. Il y a 40 ans que les bombardements ont cessé et la végétation a énormément poussé. La contamination est toujours là, mais elle est désormais très discrète. Si quelqu’un travaille la terre, la retourne ou même simplement la parcourt, et si cette personne heurte l’un de ces objets, la bombe peut exploser et le tuer.


Comment Handicap International intervient pour supprimer cette menace ?
Au Laos, nous avons quatre types d’équipes : une équipe d’enquête non technique, une équipe d’enquête technique, une équipe de déminage et une équipe mobile. La première étape consiste à déployer une équipe d’enquête non technique dans un village ou un secteur susceptible d’être contaminé vu l’analyse des données historiques de bombardement fournies par les États-Unis. L’équipe demande aux habitants s’ils ont connaissance de traces d’engins non-explosés. Parfois, ce sont les autorités locales qui nous avertissent directement. Cette équipe signale ses trouvailles et nous envoyons alors l’équipe mobile détruire les objets concernés. 
Si un ou plusieurs engins non explosés ont été identifiés, nous avons ce qu’on appelle un point d’évidence. Nous savons que les environs risquent d’être contaminés aussi. Pour déterminer l’étendue de cette contamination, nous envoyons une équipe d’enquête technique. Nous cartographions la zone autour du point d’évidence et nous la divisons en carrés de 50 m².  L’équipe d’enquête technique utilise des détecteurs de métaux pour balayer et échantillonner rapidement les carrés. Si un engin non explosé est trouvé dans un carré, le carré est coloré en rouge sur la carte. Si seulement un fragment est trouvé, le carré est coloré en jaune, et si rien n’est trouvé il est coloré en vert. L’idée est d’explorer ces carrés jusqu’à ce qu’une zone soit entourée de carrés verts : nous pouvons alors raisonnablement penser que nous avons isolé et identifié l’étendue de la contamination dans cette zone. Une fois ceci fait, nous revenons dans la zone avec l’équipe de déminage, qui repasse lentement et précautionneusement sur les carrés rouges. L’équipe mobile détruit tous les engins non explosés retrouvés.


Comment les démineurs trouvent-ils les engins non explosés ?
Le démineur inspecte le terrain avec un détecteur de métaux. Quand il entend un signal, il ne sait pas encore s’il s’agit d’une petite bombe, d’un mortier ou juste d’un bout de vieille ferraille. À chaque signal, il doit s’arrêter et utiliser son outil pour fouiller le sol, trouver l’objet et l’identifier. S’il trouve un engin non explosé, il le signale immédiatement. 

Comment détruisez vous les bombes ?
Le chef de l’équipe mobile identifie l’engin non explosé, son contenu et son type de détonateur. Il lui incombe ensuite d’élaborer un plan sûr pour éliminer cet engin non explosé, d’expliquer ce plan et de le mettre en œuvre. 
Généralement, nous détruisons les engins non explosés par détonation par influence. Le chef d’équipe place un peu d’explosif sur l’engin non explosé, y fixe un détonateur, puis recule à la distance de sécurité requise. Pendant ce temps, les autres membres de l’équipe, munis de mégaphones, avertissent la population aux alentours qu’une explosion va être déclenchée. Nous plaçons également des sentinelles pour empêcher les gens de pénétrer dans la zone dangereuse. Une fois ces sentinelles en place et la zone sécurisée, le chef d’équipe détruit l’engin.

En coopération avec l’Autorité nationale laotienne de réglementation des engins non explosés et de l’action contre les mines, Handicap International s’engage par son travail de déminage et d’éducation aux risques à rendre le pays plus sûr pour les générations à venir. Depuis 20 ans, l’organisation apporte aussi une aide directe aux victimes des engins non explosés et aux autres personnes handicapées au Laos. 

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