Pour des services humanitaires adaptés aux personnes handicapées dans le camp de Bentiu
Le récent rapport de HI et IOM[1] établit un bilan de la situation au sein du camp de protection des civils de Bentiu, au Soudan du Sud : pour les personnes handicapées, les conditions de vie sont difficiles et les services humanitaires ne répondent pas suffisamment à leurs besoins. Des pistes d’amélioration sont proposées.
[1] IOM = International Organization for Migration
Bénéficiaire ayant reçu un fauteuil roulant dans un camp de déplacés près de Juba, Sud Soudan | © Till Mayer / HI
Le Soudan du Sud, en pleine guerre civile, a contraint de nombreux Sud-Soudanais à se réfugier dans des camps comme celui de Bentiu. Plusieurs organisations humanitaires sont sur place pour venir en aide à la population, mais des améliorations sont encore nécessaires pour que la réponse humanitaire prenne en compte les besoins et les droits des personnes handicapées.
En effet, au sein du camp, où la vie de tous les résidents est déjà très précaire, les personnes handicapées sont particulièrement vulnérables. HI et IOM ont identifié sur place les facteurs de discrimination dont souffrent les personnes handicapées et ont établi des recommandations pour développer une réponse humanitaire plus inclusive.
Des conditions de vie encore plus difficiles pour les handicapés
Les personnes handicapées du camp de Bentiu ne peuvent pas profiter pleinement des infrastructures et des services humanitaires à disposition. Dans l’environnement du camp, plusieurs facteurs compliquent leur vie quotidienne : longues distances, infrastructures et routes inaccessibles, formats d’information inadaptés au handicap, discriminations… Pour 49% des personnes handicapées interrogées, la distance importante des fontaines et les chemins inappropriés font en sorte que l'accès à l’eau propre et potable est particulièrement difficile. Pour beaucoup, il est compliqué de se déplacer au sein même de leur abri. Et les enfants handicapés ne peuvent pas profiter des espaces de jeux dédiés aux enfants.
Malgré les files prioritaires de distribution de nourriture prévues pour les personnes handicapées, celles-ci éprouvent quand même des difficultés à se nourrir en toute sécurité : il est compliqué de ramener leurs rations chez elles car les récipients sont inadaptés et leur sont souvent volés sur le chemin du retour.
Ces quelques exemples ne représentent qu’une infime partie des facteurs discriminants qui empiètent quotidiennement sur les conditions de vie des personnes handicapées au sein du camp.
Développer des services humanitaires inclusifs, c’est possible
Prioriser le financement de programmes inclusifs, adapter les infrastructures et les sources d’information, améliorer les mécanismes de protection contre les comportements abusifs, chercher le soutien technique de représentants locaux et internationaux de la cause des personnes handicapées… sont autant de leviers d’action qui peuvent rendre les services humanitaires plus inclusifs.
Ainsi, les bailleurs de fond, les coordinateurs de camps et les organisations humanitaires peuvent faire en sorte que les personnes handicapées se sentent protégées et impliquées au sein de sites comme celui de Bentiu. En adaptant leurs activités pour répondre aux besoins des handicapés, les acteurs humanitaires optimiseront les services apportés auprès de la population dans les camps et contribueront à la mise en place d’une aide humanitaire inclusive et accessible à tous.
Pour aller plus loin…
Le rapport de HI et IOM Access to humanitarian services for persons with disabilities in Bentiu Protection of Civilians Site