« Tout s’est évaporé devant lui, son corps ne l’a pas supporté »
Mohsen, 64 ans, a fui la guerre en Syrie avec sa famille. Très affecté par les évènements des dernières années et les conditions difficiles dans lesquelles il vit désormais, il a été victime d’un accident vasculaire cérébral qui l’a rendu hémiplégique. Humanité & Inclusion (HI) l’accompagne avec des sessions de physiothérapie, pour qu’il puisse retrouver un peu de sa mobilité.
Mohsen avec ses petits-enfants Muqdad et Yasmine, dans leur abri à Arsal. | © E. Fourt / HI
À Arsal, dans le nord du Liban, des dizaines de camps de réfugiés font partie du paysage ambiant, depuis le début du conflit dans le pays voisin. Les Syriens représentent ici plus de la moitié de la population. Sous chaque toile de tente ou toiture en tôle, ce sont des dizaines de milliers d’histoires de vie qui se juxtaposent. En poussant une petite porte en bois, l’équipe de l’association pénètre dans l’abri en briques de Mohsen, à qui elle rend régulièrement visite. Le grand-père syrien accueille Mariam, physiothérapeute de Humanité & Inclusion (HI), avec un grand sourire. L’imposant trou dans sa gorge l’empêche d’émettre le moindre son, alors c’est Humam, son fils, qui traduit ses murmures pour lui.
« Mon père a souffert d’un cancer de la gorge, il y a plusieurs années. Il a perdu sa voix. Mais j’ai appris à lire sur ses lèvres avec le temps, à deviner ses chuchotements… » Humam est très présent pour Mohsen, il est le seul de ses fils qui a pu fuir avec lui au Liban. « Deux de mes frères ont disparu dans le conflit syrien, deux autres ont été tués par des bombardements… Alors, mes parents dépendent vraiment de moi : c’est mon rôle de m’occuper d’eux ». Les petits-enfants de Mohsen l’aident aussi beaucoup au quotidien. « Muqdad, mon neveu, et Yasmine, ma fille, ont appris les gestes essentiels à faire lors des sessions de réadaptation pour améliorer la santé de mon père. Tous les jours, ils l’aident à faire ses exercices de physiothérapie », explique Humam avec fierté.
Les évènements des dernières années ont soudé cette famille en exil et l’entraide est le mot d’ordre, de génération en génération. « Je veux aider mon grand-père à aller mieux », commente doucement Yasmine, en s’asseyant à côté de lui. « L’implication des proches est essentielle », ajoute la physiothérapeute de l’association. « Nos équipes ont malheureusement trop de cas à traiter et nous ne pouvons pas assurer des sessions quotidiennes pour chacun. Alors, le fait que la famille de Mohsen lui fasse faire des exercices tous les jours, ça l’aide vraiment à se rétablir. »
« Il y a trois mois, après son accident vasculaire cérébral, mon père ne pouvait plus du tout bouger », indique Humam. « Les mouvements sont tellement importants pour lui, car il ne peut pas parler. Ces séances de physiothérapie lui ont permis de communiquer à nouveau et de retrouver le sourire. Il commence à bouger ses orteils et il peut s’asseoir seul maintenant. Ce n’est peut-être pas grand-chose pour nous mais pour lui, c’est important. Et cela nous encourage à l’aider avec les exercices de réadaptation ».