Victime d'une mine à athlète paralympique
Flavio fait partie des milliers de victimes des mines en Colombie. Il a perdu sa jambe, mais peut se déplacer en toute autonomie grâce à la prothèse qu'il a reçue de Humanité & Inclusion. Et ses pas le conduisent souvent à la piscine, car Flavio est un nageur de compétition qui brigue une participation aux Jeux paralympiques.
Flavio est dans le Centre Aquatique Olympique de Medellín. | © Bas Bogaerts / HI
Lundi matin à Medellín, en Colombie[1]. Le « Complejo Acuático », un complexe impressionnant de piscines en plein air, est déjà fort animé. Dans une des piscines, une dizaine de nageurs sont occupés à nager le crawl, la brasse et la brasse papillon. Ils n'interrompent leur entraînement que pour faire quelques pompes. Un entraîneur leur lance ses instructions.
À première vue, un entraînement des plus ordinaires. Mais les chaises roulantes et les prothèses abandonnées entre les sacs de sport révèlent le contraire : il s'agit d'un entraînement de natation pour des athlètes présentant un handicap physique.
Une des prothèses au bord de la piscine appartient à Flavio[2]. En 2000, il a perdu sa jambe gauche après avoir marché sur une mine tout près du champ qu'il cultivait. L'accident a eu lieu dans le Putumayo, un département qui, depuis des années déjà, est en proie au conflit entre des groupes d'opposition armés, l'armée et des bandes criminelles. La terre y est jonchée de mines qui menacent quotidiennement les civils et qui font des victimes innocentes. C’est ce qu’a vécu Flavio[3].
Une aide qui change la vie
HI a repéré ce Colombien de trente-trois ans lorsqu'il a déménagé à Medellín quelques années après l'accident afin de recevoir des soins adaptés. « Ma première prothèse après l'accident était beaucoup trop lourde. Je ne l'utilisais pas. Ensuite, j’ai eu une prothèse quasiment improvisée, qui tenait avec des pansements et du scotch », dit-il. « Ma prothèse actuelle, je l'ai reçue de HI. J'ai enfin une prothèse fonctionnelle qui me permet d'être à nouveau mobile. Grâce à celle-ci, je peux rouler à moto et me déplacer en toute autonomie. Elle change toute ma vie. »
Les séances de réadaptation que HI a organisées pour Flavio ont, elles aussi, semblé avoir un impact inattendu sur sa vie. Yanrieth, physiothérapeute pour HI, et un autre patient ont incité Flavio à entamer la natation pour favoriser sa réadaptation. Il a suivi leurs conseils, a commencé à nager et n'a plus jamais arrêté.
« J'ai remarqué que la natation me faisait me sentir mieux, tant sur le plan physique que mental », explique Flavio. « Les journées devenaient de plus en plus intenses, jusqu'à ce que ce ne soit plus possible de combiner la natation, le travail et les études. En 2013, j’ai pris une décision : j'allais me lancer dans la natation professionnelle. J'ai arrêté mes études et mon travail et j'ai commencé à m'entraîner intensivement. En ce moment, je me prépare pour les « Para Panamericanos » de cet été, mais mon prochain objectif est d'atteindre la sélection nationale pour les Jeux paralympiques à Rio en 2016. »
« L’eau me guérit »
HI suit toujours toujours Flavio en lui proposant des séances de physiothérapie et du soutien psychosocial. Notre organisation l’a également aidé alors qu’il attendait des subsides pour sa carrière sportive et qu'il risquait de rater une compétition de qualification importante. Une compétition qu'il a d'ailleurs gagnée, ce qui lui a assuré sa participation au championnat national et l’a rapproché des Jeux paralympiques 2016.
« C'est maintenant ou jamais. Les Jeux paralympiques n'ont lieu que tous les quatre ans. Dans quatre ans, mon physique sera probablement moins développé qu'à l’heure actuelle. Si je n'atteins pas la sélection maintenant, je tenterai ma chance une dernière fois l'année prochaine. Si je n'y parviens pas, je retournerai à l'université », explique-t-il.
© Bas Bogaerts / HI
Réfléchir de façon pragmatique sur son avenir ne l'empêche pas de s'engager pleinement dans son sport pour l’instant. Pour augmenter ses chances, il participe à l'entraînement de l'après-midi avec les personnes valides. « Quand je m'entraîne avec eux, je réalise plus que jamais que je vis et que je peux faire les mêmes choses qu'eux. Que nous avons tous nos propres difficultés et que nous devons tous apprendre à vivre avec elles. »
Et Flavio de continuer : « J'éprouve toujours des difficultés à repenser à l'accident, mais, grâce à la natation, je progresse tous les jours un peu. Je suis heureux d'avoir découvert ce sport. L'eau me guérit. La piscine est la meilleure psychologue que j'aurais pu imaginer. »