« C’est très dur, mais au moins, nous ne vivons pas dans la rue »
Comme près d’une personne sur dix en Irak, Hamed a dû fuir sa ville d’origine à la suite de combats. Amputé d’une jambe suite à une blessure, il vit avec sa femme dans une situation de grande précarité. Le couple bénéficie des activités de soutien psycho-social de Handicap International, qui propose également à Hamed des séances de réadaptation.
Hamed et sa femme, assis dans leur logement de fortune, à Kirkouk. | © E. Fourt / Handicap International
« Imaginez-vous que c’est l’été et que vous êtes tranquillement installé dans votre jardin. Vous profitez de l’air frais de la nuit, entouré de votre famille et voisins. Mais en une seconde, tout change complètement, sans que vous ne compreniez comment. C’est ce qui nous est arrivé, il y a bientôt deux ans… », raconte Hamed, lors d’une visite de l’équipe de Handicap International. Assis sur un lit dont lui a fait don l’association, il livre son récit à Hareth, kinésithérapeute et Zahra, assistante sociale.
« Cette nuit d’août 2014, le groupe Etat Islamique est entré dans notre ville. Les forces de sécurité ont tenté de le repousser comme elles pouvaient. Notre maison se trouvait au milieu des combats, qui se sont très vite intensifiés. Quelque chose a atterri chez nous et a explosé. Et puis, j’ai perdu connaissance… Je ne me suis réveillé que quelques jours plus tard, dans un hôpital, amputé d’une jambe. »
Lorsqu’il reprend conscience, personne n’ose dire à Hamed que six membres de sa famille sont décédés cette nuit-là. Seule sa femme est assise à ses côtés, désemparée par ce qui vient de leur arriver. A la sortie de l’hôpital, le couple loue un petit appartement, mais très vite, ses économies s’épuisent. Une chaine de solidarité s’organise alors au sein du voisinage pour qu’ils ne finissent pas sans domicile. Hamed et sa femme emménagent dans une petite pièce, faite de quatre murs de béton. Le confort y est sommaire : il n’y a pas de mobilier, d’électricité ou de fenêtres. Les étés sont très chauds, et les hivers très froid, car le logement est mal isolé. « C’est très dur, mais au moins, nous avons un toit au-dessus de la tête, nous ne vivons pas dans la rue », relativise Hamed.
C’est également ses voisins qui alertent Handicap International et parlent aux professionnels de l’association du cas d’Hamed. « Nous faisons régulièrement du porte-à-porte dans différents quartiers, pour identifier les personnes handicapées ou blessées », explique Hareth, kinésithérapeute. « Lorsque nous avons été informés de la situation d’Hamed, nous sommes intervenus. Nous lui avons fourni une chaise toilette, un lit et un matelas : du matériel pour faciliter son quotidien. » « Lui et sa femme sont en situation de détresse évidente », ajoute Zahra, assistante sociale « Nous leur avons donc proposé des séances de soutien psychosocial. Le fait qu’ils les aient acceptées est un bon signe. Lors des sessions de groupe, ils rencontrent des personnes qui partagent leur condition et échangent avec eux… »
Le couple raccompagne les professionnels de l’association devant leur logement, alors que la visite prend fin. Comme la plupart des déplacés, Hamed et son épouse rêvent de pouvoir rentrer chez eux. Mais en attendant que cela soit possible, l’aide de leurs voisins et de Handicap International est essentielle. Hareth et Zahra reviendront donc bientôt, pour continuer d’apporter à Hamed et son épouse toute l’assistance et le soutien dont ils ont besoin.