Hussein, 25 ans : « J’ai enfin des gens à qui parler »
Hussein a été victime d’un bombardement en Syrie en 2013. Les éclats d’obus laissés dans son dos l’ont rendu paraplégique. Le jeune homme a fui vers le Liban pour y être soigné, laissant sa famille derrière lui. Avec le soutien de Light For the World, une équipe de Handicap International aide Hussein à se remettre physiquement et à sortir peu à peu de la dépression dont il souffre au quotidien.
Hussein en compagnie de Maram et Abeer, spécialistes de Handicap International en soutien psychosocial | © E. Fourt / Handicap International
Blotti contre le poêle de la modeste pièce dans laquelle il vit, Hussein accueille chaleureusement chacune des visites de Maram et Abeer, spécialistes de Handicap International en soutien psychosocial. « Aujourd’hui, c’est notre cinquième séance », explique Maram. « Et j’ai vu Hussein changer déjà trois fois de maison depuis notre première rencontre… ». Arrivé seul au Liban il y a quelques années, Hussein survit grâce à la générosité des autres. Depuis quelques semaines, il s’est installé avec un couple originaire de son village en Syrie. Eux aussi ont fui vers le Liban, quand ils ont appris qu’ils allaient avoir un enfant. Samar et Imad, aujourd’hui jeunes parents, racontent : « Lorsqu’il est venu vivre avec nous, Hussein semblait épuisé, physiquement et psychologiquement. Il commence à aller mieux mais le fait que l’on change constamment de lieu de vie le trouble encore beaucoup ».
C’est Samar et Imad qui ont fait part du cas d’Hussein à Handicap International. Très vite, les professionnels de l’association ont recommandé des sessions de kinésithérapie pour le jeune homme. Soupçonnant également une dépression, ils ont parlé de lui à leurs collègues spécialisées en accompagnement psychosocial. Abeer et Maram ont alors rencontré Hussein et organisé plusieurs séances pour l’aider à mieux gérer ses angoisses et son anxiété.
« Lorsque nous l’avons connu, Hussein ne voulait pas du tout nous parler. Il partageait un appartement avec une dizaine d’autres Syriens et n’avait aucune intimité. Il nous a fallu plusieurs séances et beaucoup de patience pour établir le lien de confiance que nous avons réussi à créer aujourd’hui », raconte Maram.
Le but de la séance du jour est de faire travailler le jeune homme sur sa timidité. C’est Hussein qui leur a fait part de ce souhait.
« Ces séances m’aident beaucoup. J’ai enfin des gens à qui parler et j’apprends peu à peu à me débarrasser de mes mauvaises pensées. Maram et Abeer sont des personnes formidables, c’est comme si mon esprit avait été ravivé depuis que je les ai rencontrées », explique-t-il.
Les deux jeunes femmes sourient et l’invitent à s’exprimer davantage sur le chemin parcouru depuis son arrivée au Liban. « Lorsque j’ai quitté la Syrie pour venir ici, je ne pouvais même pas marcher », raconte Hussein. « Grâce aux sessions de kinésithérapie menées par Handicap International, j’ai peu à peu retrouvé les sensations que j’avais perdues au niveau de mes jambes. Aujourd’hui, je suis même capable de faire quelques pas sur de courtes distances. Je me remets peu à peu, mentalement et physiquement. Mon plus grand rêve est de redevenir celui que j’étais, avant l’accident ».
La discussion continue entre Hussein et les professionnelles de Handicap International. Même s’il fait toujours preuve d’une certaine retenue, le jeune homme commence à se livrer davantage. « Je voudrais me faire moins de souci, laisser mes inquiétudes derrière moi et ne pas avoir toutes ces angoisses face à l’avenir », dit-il. Maram l’écoute avec attention, essaie de le rassurer. La situation n’est pas évidente pour Hussein. Dans l’incapacité de travailler, il n’a aucun moyen de subvenir à ses besoins. Sa route vers l’indépendance sera longue. Mais Maram se veut positive à propos du jeune homme et souligne tous les progrès qu’il a déjà accomplis. C’est en gardant cela en tête qu’il continuera d’avancer.
La séance touche à sa fin et Hussein remercie Maram et Abeer pour leur soutien. Il ne sait pas où il vivra la prochaine fois qu’ils se verront, mais il attend avec impatience la prochaine session. Se confier aux deux jeunes femmes l’aide à se sentir mieux et à aller de l’avant.
« Lorsque la guerre sera finie, j’aimerais aller reconstruire mon pays et retrouver ma famille », conclue-t-il.