Le changement climatique oblige les agriculteurs à travailler toujours plus
Fadimata dépend de la régularité des pluies pour subvenir aux besoins des 10 membres de son foyer. Cette agricultrice peine à s’adapter aux récents changements environnementaux
Fadimata arrose son potager. © HI | © HI
Les précipitations diminuent
« Je m’appelle Fadimata Walet. J’ai 51 ans et je vis à Léré, au Mali. Je suis divorcée et j’ai la charge d’un foyer de 10 personnes, dont six filles et quatre garçons, ces derniers étant les plus jeunes.
Je travaille comme agricultrice, ce qui constitue la principale source de revenus de ma famille. Nous pratiquons l’agriculture pluviale. Nous donc semons nos graines en hiver.
Avant, les pluies étaient abondantes et les récoltes aussi. Je pouvais rembourser le crédit contracté pour préparer la saison agricole et il me restait suffisamment d’argent pour couvrir les besoins en mil de ma famille pendant six à huit mois. Au fil des ans, nous avons remarqué une diminution de la fréquence et de la quantité des pluies. Les récoltes sont devenues moins bonnes et même nos meilleures graines ne donnaient presque rien.
Il y a une mare qui se remplissait pendant la période hivernale et dont les femmes utilisaient l’eau pour le maraîchage. Avant, cette mare pouvait tenir trois à quatre mois sans s’assécher. Mais ces dernières années, il y a de l’eau pendant à peine un mois à la sortie de l’hiver. Nous n’avons donc pas d’autre choix que de réduire la surface que nous cultivons. »
« Nous essayons de nous adapter, mais c’est difficile »
« Face à cette situation, j’ai dû travailler davantage. J’ai commencé à cultiver des espèces végétales plus variées, en espérant pouvoir récolter de quoi couvrir nos besoins pendant deux ou trois mois. J’ai commencé à faire pousser des légumes que je vends avec l’aide de ma fille. Je vends également du bois de chauffage et du charbon de bois que je vais chercher dans la brousse pour permettre à ma famille de vivre. Je propose mes services en tant que cuisinière pour les cérémonies, et j’ai dû contracter des dettes importantes et un prêt pour remettre à flot ma petite entreprise.
Avant, les pluies étaient abondantes et nous suffisaient. Je connais beaucoup de familles qui se rendent au camp de réfugiés de M’Bera, en Mauritanie, après la moisson pour bénéficier des dons alimentaires des ONG, parce que leurs récoltes ne sont pas suffisantes.
Les temps sont durs et nous essayons de nous adapter, mais beaucoup d’entre nous ont du mal à tenir. Je sais qu’aujourd’hui, ma situation est meilleure que celle de nombreuses autres familles qui ne reçoivent pas de soutien. »
HI soutient les familles touchées par le changement climatique
« Depuis deux ans maintenant, je reçois un soutien financier de HI, qui couvre les besoins alimentaires de ma famille », explique Fadimata. « J'ai retrouvé le sourire car je suis soulagée de la peine de devoir emprunter, quémander ou de m'endetter. J'ai également pu acheter du matériel de jardinage pour cultiver mon champ de mil et récolter les légumes que ma fille vend au marché. Sans ce projet, de nombreux ménages seraient affamés. Aujourd'hui, je suis en mesure de faire vivre ma famille et je retrouve petit à petit une vie normale. »
Au Mali, HI s’efforce de soutenir les communautés et les ménages vulnérables comme celui de Fadimata, en renforçant leur résilience face au risque d’insécurité alimentaire et nutritionnelle induit par le changement climatique.
L’association apporte un soutien financier aux familles pour les aider à se procurer des produits de première nécessité, renforce les groupes communautaires de prévention de la malnutrition. Elle charge aussi des spécialistes communautaires de prodiguer des conseils sur l’alimentation des nourrissons et des enfants.
Le projet soutient également des initiatives locales et des projets communautaires, et redynamise les espaces de dialogue entre les leaders locaux et les citoyens concernés afin de promouvoir la gestion partagée des ressources naturelles.