Mahamat vit dans un camp de déplacés au Tchad. Il continue l’école grâce à HI
Mahamat (nom d’emprunt) a 13 ans. Il vit dans un camp de déplacés à Kousseri, au bord du Lac Tchad, après avoir fui des attaques de groupes armés.
Mahamat avec un agent de HI dans le camp de déplacés de Kousseri | HI
Mahamat vit depuis trois ans dans un camp de déplacés à Kousseri, au bord du lac Tchad. Il a été confié à sa grand-mère qui s’occupe aussi de deux de ses cousins. Il habite dans une modeste hutte faite de branches. La petite famille tente d’avoir une vie normale.
Les déplacés du Lac Tchad
Le site accueille plus de 7 000 déplacés internes, qui ont tous fui leurs villages du lac Tchad à causes des violences de bandes armées mais aussi à cause de l’assèchement du lac . Actuellement, plus de 500 000 personnes sont déplacées ou réfugiés depuis un pays voisin (principalement le Niger) au Tchad.
Tous espèrent rentrer chez eux quand la situation sécuritaire s’améliorera. Pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour.
Le camp où vit Mahamat est organisé en blocs chacun géré par un chef. Pour la quasi-totalité des déplacés, l’aide humanitaire est indispensable – à l’exception de quelques familles qui vivent de la pêche. Les déplacés n’ont pas accès à l’eau potable.
Mahamat pendant ses séances de rééducation fonctionnelle à l’hôpital de Bagasola. Il est pris en charge par un kinésithérapeute soutenu par HI.
Le chemin vers l’école
Mahamat a rejoint l’école en 2021 grâce à HI . Il raconte comment il a rejoint les bancs de l’école :
« Un jour, j’ai vu d’autres enfants revenir de l’école avec des cartables. Ils m’ont montré leur matériel scolaire : des livres, des crayons…. Je leur ai demandé où ils avaient eu tout ça, ils m’ont dit à l’école et m’ont indiqué le chemin. »
Sa grand-mère l’encourage à y aller. Il se présente alors à la direction de l’école où il se fait inscrit le jour même. Ce jour-là, Mahamat revient à la maison, tout fier, avec le kit scolaire fourni par HI, comprenant un cartable, une ardoise, des craies. Il annonce à sa grand-mère qu’il est inscrit à l’école. C’est la première fois de sa vie d’enfant que Mahamat va à l’école.
HI décide aussi d’assurer un suivi médical au jeune garçon : on lui fournit des béquilles, un déambulateur et des séances de rééducation fonctionnelle.
L’école commence
La classe commence à 07h 30 et finit à 12h 30. Sa classe a un effectif en théorie de 140 élèves mais une bonne cinquantaine d’enfant est présente chaque jour, son maitre d’école, Ousman, est quelqu’un de la région :
« Le professeur est gentil avec moi. Il me pose des questions et m’envoie souvent au tableau. Il fait attention à moi. Il me place au premier rang pour que je puisse bien suivre le cours. Je me sens à l’aise. »
Mahamat a intégré la classe de CP1, en attendant la mise en place des cours d’Education de Base Non Formelle (EBNF) – qui sont des cours de remise à niveau. Tous les jours, à l’aide de ses béquilles, il va à l’école à pied. Il met 30 min avant d’arriver à cause de la distance mais aussi de son handicap.
Mahamat mange à la cantine de l’école. Il mange principalement du couscous avec de la sauce de poissons frais et fumés.
Mahamat apprend les bases
Mahamat apprend à lire et à écrire à l’école. Ce qu’il préfère ? Dessiner, écrire et calculer. Il aime la poterie. Il moule des canaris, des petites voitures… Maintenant, avec l’école, il a plein de camarades avec lesquelles il peut jouer.
Pour un avenir plus brillant
Mahamat s’est réinscrit pour la rentrée de cette année en CP2. Il espère pouvoir terminer sa scolarité car il sait qu’il en aura besoin pour réaliser ses rêves.
« Je voudrais à mon tour transmettre ce que j’ai appris, et faire de l’élevage de chèvres et devenir un riche commerçant pour subvenir aux besoins de toute ma famille ! Et pour ça, je sais que j’ai besoin d’aller à l’école. »
HI soutient l’éducation inclusive
Avant la rentrée scolaire, les enseignants dont le maître de Mahamat suivent une formation de trois semaines. Cette formation porte sur l’enseignement didactique de base mais également sur les premiers secours psychologiques, l’hygiène, et surtout les bons gestes à avoir bien inclure les enfants en situation de handicap.
Nous leur donnons aussi des outils pédagogiques pour sensibiliser les autres enfants et permettre un environnement éducatif protecteur et inclusif pour tous.
Le projet PROSCOLAC
Financé par l’Union européenne, le projet PROSCOLAC vient en aide à plus de 9 500 enfants (dont environ 4 700 filles et 1 900 enfants vulnérables ou handicapés). Il vise à contribuer à la protection physique, psychosociale et cognitive des enfants impactés par la crise humanitaire dans la province du Lac Tchad, notamment dans les départements de Fouli et Kaya, particulièrement touchés par l’insécurité et les déplacements de population.
Ce projet s’attache à améliorer l’accès à l’école, la qualité de la scolarisation ainsi que l’équilibre psychosocial et la résilience des enfants.
HI au Tchad
Handicap International (HI) est présente au Tchad depuis les années 1990 dans les secteurs de l’éducation inclusive et d’urgence, de l’action contre les mines, de l’assistance aux victimes, de la consolidation de la paix, de la réadaptation physique et fonctionnelle et de l’insertion socio-économique des personnes vulnérables et en situation de handicap. Elle mène actuellement des projets à N’Djamena ainsi que dans les provinces du Lac, du Logone Oriental, du Kanem, du Bahr el Gazal et dans les régions du Borkou, de l’Ennedi et du Tibesti (BET).