« Nous avons tout perdu en Syrie »
Haitham a 53 ans. En 2013, lorsque sa maison a été bombardée, il a fui la Syrie pour trouver refuge au Liban avec sa famille. Cette année, Haitham a été victime de deux attaques cardiaques. Depuis, Handicap International l’aide à se déplacer plus facilement à travers des sessions de kinésithérapie. L’association apporte aussi son soutien à la petite-fille d’Haitham, qui semble souffrir de myopathie. Handicap International apporte son aide aux réfugiés syriens au Liban grâce au soutien du service de la Commission européenne chargé de l'aide humanitaire et de la protection civile (ECHO).
Haitham et Cynthia lors de la session de kinésithérapie | © G. Vandendaelen / Handicap International
Allongé sur un matelas dans sa tente de fortune, Haitham tend la main à Cynthia, kinésithérapeute et Elias, assistant social, pour les saluer. Les professionnels de Handicap International, qui s’installent à côté de lui, le suivent depuis son dernier accident cardio-vasculaire, survenu en avril 2016. Autour d’Haitham, trois de ses enfants sont là pour apporter leur soutien. Certains de ses petits-enfants sont également présents, regardant leur grand-père effectuer ses exercices de réadaptation. Le syrien semble encore souffrir lorsqu’il effectue certains mouvements, mais Cynthia l’encourage à ne pas relâcher ses efforts. Les progrès viennent avec le temps.
« Il s’est déjà beaucoup amélioré », estime Elias. « Lorsque nous l’avons rencontré, Haitham ne pouvait ni marcher, ni parler. Aujourd’hui, il peut bouger et communiquer avec nous. » Pendant que sa collègue continue la séance de kinésithérapie, Elias s’enquière de l’état du reste de sa famille. L’assistant social est particulièrement préoccupé par l’une des petites-filles d’Haitham, qui semble souffrir de myopathie. Saja, 8 ans, a des difficultés à se mouvoir et à communiquer, qui augmentent avec le temps. « J’ai remarqué son cas lorsque nous avons commencé à rendre visite à Haitham », explique Elias. « Nous essayons de lui faire passer les tests nécessaires pour déterminer si oui ou non la myopathie est confirmée. Si tel est le cas, des sessions de kinésithérapie seront indispensables pour cette petite fille aussi ». Assise à côté de Saja, Najah, sa mère, semble désemparée : « Ma fille a de plus en plus de mal à s’exprimer ou à se tenir debout… Je suis inquiète pour elle et tout ce que je souhaite désormais, c’est améliorer ses conditions de vie. »
Najah est d’autant plus préoccupée depuis que le petit frère de Saja est né. Il y a huit mois, elle a donné naissance au dernier enfant de la famille, qui est également souffrant. Le nourrisson manque d’oxygène et ne peut pas rester à l’hôpital, car ses parents ne peuvent pas payer les frais. « Depuis sa sortie de l’hôpital, nous devons payer plus de 200$ par mois en médicaments pour garder mon enfant en vie. Vous vous imaginez ce que cette somme représente, lorsqu’on est réfugié ? »
Alors que sa séance de kinésithérapie se termine, Haitham prend la parole : « Nous sommes partis de notre pays il y a trois ans, à cause des bombardements. Notre maison a été détruite et ma femme est morte à cause des éclats d’obus dans son corps. D’autres membres de ma famille ont été tués, les enfants étaient effrayés. Nous avons tout perdu en Syrie… Mais mon épouse est ma plus grande perte, elle ne sera jamais remplacée. » Le regard las, il raconte l’accident survenu il y a quelques mois : « Un jour, je me suis levé pour aller aux toilettes. Soudainement, je me suis écroulé par terre et il m’était impossible de me relever. J’ai appelé à l’aide et ma famille est venue m’aider. Je suis resté deux jours à l’hôpital mais une semaine plus tard, ma deuxième attaque a eu lieu… Je pense que ces accidents se produisent car je suis très stressé. Ici, tout est une question d’argent… Parfois, nous n’avons même pas de quoi acheter de l’eau. »
Pour les réfugiés comme Haitham et sa famille, l’assistance de Handicap International dans le pays est essentielle. L’association met un point d’honneur à ce que les personnes les plus vulnérables ne soient pas oubliées de la réponse humanitaire et puissent bénéficier des services indispensables, au Liban mais aussi dans le reste de la région.