HI évalue la contamination par les restes explosifs à Gaza
Voici un exemple d'évaluation réalisée par HI sur la contamination aux restes explosifs à Gaza. Elle a eu lieu à Deir el-Balah en décembre dernier.

la zone de Der el-Balah à Gaza contaminée par les restes explosifs de guerre. | © HI
Les habitants dépendent de la zone contaminée pour l'agriculture, la collecte de bois de chauffage et l'accès à l'eau. Huit personnes ont été blessées par des engins explosifs ici. Nicholas Orr, spécialiste de la contamination par les munitions non explosées pour les Territoires palestiniens occupés, raconte cette mission.
Jour 1 : Établir des périmètres de sécurité et comprendre les habitudes de la communauté
Nous avions reçu des rapports faisant état d'un mélange de roquettes improvisées, de mortiers et de fragments de projectiles sur ce quartier. Mais l'étendue réelle de la contamination n’était pas claire...
Nous sommes arrivés à Deir el-Balah le 15 décembre. En quelques minutes, nous avons découvert un projectile d'artillerie de 155 mm. Bien qu'il n'ait pas été allumé, il avait été déplacé récemment, ce qui met en évidence les comportements à haut risque des habitants.
Plusieurs centaines de douilles de mortiers de différents diamètres, pour la plupart intacts avec leur charge hautement explosive, étaient éparpillés à un autre endroit.
Un peu plus loin, le moteur d'un missile tactique avait déjà été transformé en siège de jardin par des familles déplacées. Le site était également jonché de munitions improvisées et de restes d'explosifs, et marqué par plusieurs cratères récents causés par la détonation d'armes larguées par voie aérienne. Plusieurs bâtiments ont été réduits à l'état de ruines ici par la guerre.
La présence de HI a rapidement attiré une foule. La gestion de cette dernière est rapidement devenue une tâche à part entière. L'équipe a tracé une voie de sécurité de 400 mètres de long et de 2 mètres de large vers la source d'eau de la communauté à l'aide de pierres peintes en rouge. Ces pierres, ramassées par des personnes déplacées, prêtes à aider, serviront de marqueurs visuels essentiels pour un passage en toute sécurité.
Jour 2 : Associer la population et la sensibiliser aux risques
Le 22 décembre, des enfants qu’on avait vu jouer près de munitions non explosées nous ont signalé des objets dangereux.
Nous avons continué à avancer, marquant des voies de sécurité supplémentaires vers les zones agricoles et répertoriant une multitude d’objets explosifs dangereux disséminés sur le site. Chaque objet a été méticuleusement répertorié.
De nombreux objets avaient été déplacés par des personnes qui se sont efforcées de se débarrasser des munitions explosives dans des fosses à ordures, des bunkers en béton ou des zones peu habitées. L'équipe a mené des séances de sensibilisation, appelant la communauté à signaler les objets dangereux plutôt que d'essayer de les déplacer. Huit personnes ont été récemment blessées ici, dont trois ont dû être amputées.
Une fois la population relogée en toute sécurité, HI recommande de désigner cette zone comme site central de démolition, où les munitions explosives pourraient être détruites. Le terrain est bien adapté à cet objectif, avec de hauts murs qui atténuent les effets de souffle et de fragmentation. Aucun bâtiment en béton n'étant en vue, le risque de dommages causés par des chocs telluriques serait minime.
Jour 3 : L’espoir au milieu des ruines
Le 24 décembre, l'équipe a été accompagnée dans une deuxième grande carrière contenant des munitions explosives. Tous les couloirs de sécurité ont été marqués avec des roches peintes en rouge, aussi grandes que possible, espacées d'au moins 3 mètres et visuellement reconnaissables à une distance de 25 mètres.
À la fin de notre mission, environ 1 000 objets explosifs avaient été identifiés et marqués. Les couloirs de sécurité ont été fermement établis et les zones dangereuses ont été clairement délimitées.
Depuis la mi-2024, les équipes de HI ont mené une douzaine d'évaluations de la contamination par des munitions explosives dans divers endroits de Gaza.