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Kenya : « Mon travail m’apporte joie et fierté au quotidien »

Droits Inclusion Réadaptation Santé
Kenya

Najmo est travailleuse communautaire dans le camp de réfugiés de Dadaab, à l’est du Kenya. Elle-même réfugiée, elle s’engage pour l’avenir de sa communauté.

Une femme portant une jaquette HI désigne un ruban qui pend du plafond à une fillette qui tend la main pour l'attraper. Elles sont accompagnée d'une troisième femme, toutes sourient.

Najmo Osman accompagne Maryan Hussein, 10 ans, par un travail de rééducation visant à améliorer les mouvements de sa main. | © FilmAid Kenya / HI

Aider ma communauté

Je m'appelle Najmo Osman Mohamed et je suis une femme somali-bantoue de 24 ans, originaire de la région de Banadir en Somalie. Je vis actuellement dans le camp de réfugiés de Hagadera à Dadaab, avec mes parents et mes sept frères et sœurs. Je travaille chez HI depuis deux ans pour fournir un accompagnement thérapeutique aux femmes et aux enfants handicapés accueillis dans la garderie HI du camp.

J'ai décidé de travailler dans l'humanitaire après avoir vu de mes propres yeux combien la vie pouvait être difficile pour les gens de ma communauté. Étant moi-même réfugiée, je saisis l’ampleur des difficultés que traversent certaines personnes telles que les mères célibataires, les personnes âgées ou les personnes handicapées.

« J'ai décidé d'assumer ce rôle car j'ai à cœur d'aider ma communauté, en particulier celles et ceux qui en ont le plus besoin. Mon travail me permet d'améliorer directement la vie des femmes, des soignants et des enfants handicapés dans le camp. Chaque jour, je suis inspirée par la force et le courage de ces personnes. »

Cet engagement, je veux le tenir : dans le futur, j’aimerais obtenir une bourse pour étudier la sociologie et contribuer à résoudre les difficultés rencontrées par les communautés de personnes réfugiées comme la mienne. Mon rêve, c’est de créer une organisation qui aide financièrement les membres de ma communauté en soutenant des projets impulsant des changements positifs et durables.

Un métier fait de défis et de satisfactions

« Le fait d'entendre les histoires des personnes et de connaître leurs difficultés peut être très éprouvant sur le plan émotionnel. Il est parfois difficile de rester concentrée sur son travail sans s'impliquer trop personnellement. Trouver l'équilibre entre ressentir de la compassion et garder une posture professionnelle est un véritable défi. »

Dans ma vie quotidienne de réfugiée et de travailleuse sociale, chaque jour apporte son lot de défis et de satisfactions. Je travaille avec des femmes et des enfants handicapés et l’empathie est essentielle pour instaurer un climat de confiance et des relations solides avec eux. Tous les matins, après m’être frayé un chemin jusqu’à la garderie, je dirige des séances de rééducation physique et j'organise des activités pour aider les patients à se rétablir.

C’était le cas par exemple avec Maryan Hussein, une fillette de 10 ans que j’ai accompagnée. Ses vêtements avaient pris feu, provoquant de graves brûlures sur ses bras, sa poitrine et son dos. Elle avait été soignée à l'hôpital mais en l'absence de kinésithérapeute, certains de ses muscles s’étaient contractés. Maryan avait du mal à étendre la main et éprouvait des difficultés à accomplir certaines activités quotidiennes comme soulever des objets, se laver, s'habiller ou jouer.

Elle a subi une intervention chirurgicale corrective puis, avec une collègue kinésithérapeute, nous avons immédiatement commencé la rééducation physique. Après sa sortie de l’hôpital, Maryan a suivi trois séances de kinésithérapie par semaine, un programme couronné de succès. Sa mère nous a confié avec gratitude que sa fille se sentait désormais plus heureuse et plus confiante en elle.

« Ce que je préfère, c’est voir que je peux faire une vraie différence dans la vie des personnes handicapées de ma communauté. Être témoin de ces changements et savoir que j'y ai contribué m'apporte beaucoup de bonheur et de fierté dans mon travail. »

L’inclusion, pour un monde plus juste

J'ai pu constater personnellement à quel point l'exclusion complique la vie de celles et de ceux qui sont déjà en difficulté. Ainsi, dans un camp de réfugiés, les minorités, les mères célibataires, les femmes à risque de subir des violences, les personnes âgées et les personnes handicapées sont souvent laissées pour compte et se retrouvent confrontées à de grandes difficultés pour accéder aux soins, à l'éducation ou à l’emploi, ce qui les maintient dans la pauvreté.

L’inclusion est donc capitale : il faut veiller à ce que chaque personne, quelle que soit sa situation, ait les mêmes chances de participer pleinement à la société, de partager ses idées et ses compétences.

« L'inclusion donne à chacun un sentiment d'appartenance et de respect, elle célèbre nos différences et garantit à tout le monde un traitement équitable. Ainsi, chaque personne compte et peut apporter une contribution précieuse à un monde plus juste et plus doux. »

Lutter chaque jour pour notre dignité

La vie dans un camp de réfugiés est difficile ; à Dadaab, il y a des besoins criants en abris et en sanitaires et, faute de moyens financiers, de nombreuses personnes manquent de nourriture. Dans ma famille par exemple, je suis la seule à gagner un revenu et nous dépendons de l’aide humanitaire. Les personnes handicapées, elles, sont confrontées à des problèmes supplémentaires : par exemple, faute de fauteuils roulants ou de moyens de transport adaptés, elles ne peuvent pas se déplacer aisément. Pour elles, aller à l'école ou consulter un médecin est un véritable parcours de combattant.

Ainsi, le plus difficile dans mon travail c’est de faire face au manque de moyens. Nous n'avons pas assez de matériel, de place ou de ressources humaines pour aider tout le monde comme nous le souhaiterions.

« Il n'y a pas assez de moyens pour financer toute l'aide nécessaire, et c’est un constat bouleversant. La vie dans le camp de réfugiés met chaque jour nos forces à rude épreuve. C'est une lutte constante pour nos droits fondamentaux et pour la dignité. »

C’est pourquoi j’aimerais demander aux bailleurs et aux donateurs de renforcer leur soutien financier. Il est essentiel d'augmenter les aides, non seulement pour couvrir les besoins de base – abris, sanitaires, soins de santé… – mais aussi pour permettre aux personnes les plus vulnérables de relever les défis qu’elles rencontrent et de contribuer de manière significative à notre société. En élargissant le soutien, nous pourrons accomplir davantage ensemble.

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