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Martine, survivante d’une mine, raconte son histoire pour sensibiliser aux risques

Mines et autres armes
Sénégal

Martine vient de Kouring, en Casamance. En 2009, elle a été blessée dans l’explosion d’une mine. Depuis, elle témoigne pour informer des dangers des engins explosifs et éviter de nouveaux accidents.

Une femme est assise sur une chaise en plastique bleu, posée devant un grand arbre fromager. Elle est habillée d'une robe blanche aux motifs noir et jaune et sourit à la caméra. Des béquilles sont appuyées sur ses jambes.

Martine, après une séance de sensibilisation aux risques dans un village proche de Ziguinchor. | © A. Stachurski / HI

Martine, 50 ans, a été amputée de la jambe droite suite à l’explosion d’une mine dans son village. Depuis lors, elle s’engage sans faille dans l’association sénégalaise des victimes de mines ISAD-ASVM, un partenaire historique de HI en Casamance depuis la fin des années 1990. Elle participe notamment aux séances collectives d’éducation aux risques, pour sensibiliser les habitants aux dangers des mines.

Un terrible accident

Séance d’éducation aux risques : Elisabeth Sambou, agente de liaison communautaire de HI, explique les dangers des mines. © A. Stachurski / HIEn 2009, Martine travaillait au Club Méditerranée de Cap Skirring, sur la côte paradisiaque de la Casamance. À la fin de la saison, elle est rentrée chez elle, à Kouring, pour aider ses parents à effectuer des travaux dans leur maison. Le village était alors abandonné, car les habitants y suspectaient la présence de mines. Au cinquième jour, son père lui a demandé de l’aide pour porter du bois. Martine avait à peine dépassé la maison quand l’explosion a retenti et l’a projetée à terre.

« J’ai voulu me relever pour courir mais je n’y arrivais pas. J’ai regardé mon pied et c’est là que j’ai compris que j’avais sauté sur une mine. Mon père criait : “j’ai tué ma fille !” »

Deux militaires ayant assisté à l’accident ont voulu l’aider, mais Martine leur a intimé de ne pas s’avancer. « Je leur demandais de ne pas s’approcher, de ne pas prendre de risques, que j’allais venir vers eux. Je préférais être la seule à être blessée. » Mais l’un d’eux n’a pas supporté de la voir dans cet état et a accouru pour l’aider.

Martine a été emmenée d’urgence à l’hôpital régional, où elle a été amputée de la jambe droite. C’est grâce au soutien de l’ISAD-ASVM, qui propose une prise en charge globale aux victimes directes et indirectes de mines, qu’elle a bénéficié d’un suivi médical de qualité ainsi que d’une prothèse.

Ne pas baisser les bras

À cause de son accident, Martine a perdu son travail au Cap. Un temps découragée, elle a regagné espoir grâce au soutien sans faille de l’ISAD-ASVM. L’association l’a accompagnée pour retrouver une activité professionnelle, lui proposant des formations en teinturerie grâce auxquelles Martine a lancé une petite boutique.

Adultes et enfants – tout le village assiste à la séance de sensibilisation organisée par l’ISAD-ASVM. © A. Stachurski / HI« Après mon accident, j’ai pensé que je ne travaillerais plus jamais. Mais grâce à l’aide que j’ai reçue, j’ai ma boutique, je gagne de l’argent, la vie continue. Aujourd’hui, je ne manque de rien et mes enfants vont à l’école. Je veux dire aux femmes victimes de mines de ne jamais baisser les bras. »

Aujourd’hui, Martine anime elle-même des formations pour des femmes victimes de mines qui souhaitent s’initier à la teinture.

S’engager pour l’avenir

Le village de Martine, Kouring, est celui où HI mène aujourd’hui des opérations de déminage. Depuis le début du chantier en juillet 2023, les équipes de l’organisation y ont détruit 15 engins explosifs et dépollué 3 407 m². « J’ai appris qu’il y avait des gens qui déminaient, alors je suis venue pour comprendre ». C’est ainsi que Martine fait la rencontre d’Elisabeth, démineuse et agente de liaison communautaire de HI.

L’émotion est palpable quand Martine témoigne de son histoire. © A. Stachurski / HIDepuis son accident Martine participe régulièrement à des sessions de sensibilisation aux dangers des mines organisés par l’ISAD-ASVM dans les villages de Casamance. Les agents de liaison communautaire de HI, Elisabeth Sambou et Idrissa Manga, y sont aussi conviés. Ensemble, ils expliquent aux habitants les risques liés aux engins explosifs, comment identifier des situations dangereuses et les bons comportements à adopter. Martine, elle, complète avec son histoire, un témoignage qui lui tient à cœur.

« Je raconte mon histoire parce qu’il est important que les gens sachent. Aller sur le terrain pour sensibiliser est essentiel. Depuis que nous avons commencé ce travail, le nombre d’accidents baisse : on voit que c’est utile. »

Le Sénégal estime l’étendue de la contamination liée au conflit en Casamance à 1 200 000 m² de terres, réparties sur cinq départements. En mai 2022, HI a redémarré des opérations de déminage en Casamance, où l’association avait déjà libéré plus de 900 000 m² de terres depuis 2008. Grâce à ses deux projets actuels, HI remettra à disposition 800 000 m² de terres d’ici à 2025, pour contribuer à réinstaurer la sécurité et la prospérité socioéconomique des communautés dans les régions de Ziguinchor et de Sédhiou.

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